Thursday 4 January 2018

Semaine 5. Les espèces «domestiquées» avec lesquelles les humains ont co-évolué – II.  non-mammifères, sans cortex, domestiquées et non domestiquées:


Faut-il la domestication par les humains ou un cortex cérébral pour avoir un esprit reconnaissable?
Rollin, Bernard (2017) Raising consciousness about chicken consciousness. Animal Sentience 17(2)
Rogers, Lesley J. (2017) Chickens’ brains, like ours, are lateralized. Animal Sentience 17(3)
Freire, Rafael and Hazel, Susan J. (2017) Are chicken minds special?. Animal Sentience 17(4)
Merskin, Debra (2017) Getting to the other side. Animal Sentience 17(5)
Vallortigara, Giorgio (2017) Sentience does not require “higher” cognition. Animal Sentience 17(6)
Freeman, Carrie P. (2017) Misperceiving and underestimating the ubiquitous chicken. Animal Sentience 17(7)
Bottomley, Ewan and Loughnan, Steve (2017) Chickening out of change: Will knowing more about thinking chickens change public perceptions?. Animal Sentience 17(8)
Jenni, Kathie (2017) Scientific advances and moral inertia. Animal Sentience 17(9)
Johnsson, Martin (2017) Changes in behavior and emotion under chicken domestication. Animal Sentience 17(10)
Balcombe, Jonathan (2017) Chicken of the sea. Animal Sentience 17(11)

Chiandetti, Cinzia (2018) Chickens play to the crowd. Animal Sentience 17(13)

12 comments:

  1. Le texte sur les poules de Marino est très intéressant. Je ne suis pas surprise d’apprendre que les poules sont bien plus intelligentes, ont des interactions sociales et émotionnelles plus complexes que ce qu’on leur accorde habituellement. Ce que je trouve le plus intéressant dans le texte c’est que Marino établit une liste de critères/caractéristiques/capacités permettant de démontrer le niveau de développement à la fois de l’intelligence, des affectes (émotions) et des relations sociales des animaux (incluant les humains). Cette liste est constituée à partir des études qui ont été faites sur les poules et autres animaux non-humains et manque, je crois, d’exhaustivité ; probablement parce que ce n’était pas le but du papier et quelle a surtout cité des études en lien avec celles qui ont été faites sur les poules.
    En s’inspirant de ce texte on pourrait forger une liste de critères permettant de déterminer le niveau de complexité d’un organisme. Je me demande toutefois si les trois principales catégories proposées par Marino - l’intelligence, l’affecte et les interactions sociales - rassemblent tous les aspects entourant la vie des êtres non-humains. N’y a-t-il pas d’autres aspects pour lesquels les humains ne seraient pas sensibles/conscients, puisque nous ne le(s) possédons pas ? (Je pense par exemple à des capacités comme la magnétoréception des pigeons)

    J’ai aussi remarqué que Marino accordait la capacité d’avoir des ‘’représentations’’ (j’imagine au sens philosophique d’avoir une image mentale de X) aux animaux non-humains. Si elle a raison, alors quelle forme prend une représentation chez une poule ? Je crois qu’une représentation correspond en partie au ‘’ce que cela fait que d’avoir X’’. Pourtant sachant que nous ne pouvons pas savoir ce que cela fait d’être une autre espèce, pouvons nous juger du niveau de complexité d’un organisme à partir de nos observations et de nos représentations humaines ? Bien que j'ai l'intuition que les animaux non-humains ne sont pas aussi différents des humains que ce que ''le sens commun'' présente, du point de vue épistémologique la question se pose.

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  2. Qu'est-ce qu'un « niveau de complexité d'un organisme? ».

    Il y a ce que s'appelle « l'éthogramme » pour les compétences.

    Par « représentation » on veut dire quelque chose de vague, comme une idée ou une image, mais c'est quelque chose qui est ressenti -- ce qui revient au problème des autres esprits... On doit l'inférer à partir du comportement (ou l'activité cérébrale) car on ne peut pas l'appercevoir en directe.

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  3. Mon commentaire fait suite au texte : Güntürkün, O., & Bugnyar, T. (2016). Cognition without cortex. Trends in Cognitive Sciences, 20(4), 291-303.

    Je trouve assez intéressante la capacité qu'auraient eux certains organismes d'arrivéarriver à développer des fonctions dites cognitives , mais à des ''endroit'' totalement différents du notre ( lobe préfrontal).

    Je reste sur ma faim suite à la lecture de l'article. Bien que les auteurs essaient d'inférer des capacités cognitives semblables des animaux vers celles des humains, ça reste toujours une inférence, et il y a toujours moyen de changer de paradigme de pensée et tout réfuter.

    Ce que j'aime bien comme idée c'est que deux espèces qui se seraient séparées phylogénétiquement il y a plusieurs millions d’années auraient au final développé des circuits / zone, etc. ,des structures assez semblables en vue de réagir a un environnement plus ou moins semblable.

    Bref, grosso modo... il y aurait peut-être eu plusieur agencements possibles de structure du cerveau afin d'arrivé au plus ou moins au même résultat, et que les contingences environemmentales sont un facteur/moteur évolutif assez fort.
    Ça donne envie de lire d'avantage sur le sujet.

    Matthieu

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    1. Je trouve que cet article soulève quelque chose de particulièrement intéressant : la possibilité d'une convergence évolutive en ce qui concerne les capacités cognitives de différents organismes.
      Il semble en effet que la survie dans un environnement complexe constitue une pression adaptative encourageant pour l'organisme le développement d'habiletés cognitives également complexes. Il semble que les différents cerveaux (celui des mammifères, des oiseaux, des reptiles) réussisse à chaque fois à mettre en place une complexité "mentale" équivalente.
      La question demeure quant à savoir quelle est l'architecture cérébrale minimale permettant l'apparition de ces capacités, mais il est clair d'après ces travaux que le cortex préfrontal si proéminent chez l'humain n'est pas absolument nécessaire.
      Jusqu'ou ce raisonnement peut-il aller ? Les insectes, dénués de cerveaux, peuvent-ils démontrer des comportements complexes que nous associons généralement au ressenti, comme la mémoire ou les émotions ?
      Si le cortex n'est pas nécessaire à la cognition, et que le cerveau n'est pas nécessaire aux émotions, il semble que les neurones (et la présence d'un système nerveux) soient bien essentiels à la présence d'un "ressenti". Cependant, se pourrait-il qu'il s'agisse encore une fois d'un leurre, et que la nature ai encore trouvé des moyens variés de répondre à des problèmes similaires ?
      Je note toutefois que pour que ce raisonnement fonctionne, il faudrait être certain que le ressenti fournisse un avantage adaptatif, ce qui est loin d'être évident !

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  4. Le texte de Marino me semble vraiment important afin de faire changer la perception qu'on les humains des animaux non-humains étant exploités pour leurs nourriture. Comme celle-ci explique dans son article, les individus ayant été mis en contact avec une poule vont être plus à même d'attribuer une vie mentale à ces mêmes animaux. De la même manière, un texte comme celui de Marino peut certainement produire le même genre de réflexion chez ceux et celles qui l'ont lu... je l'espère du moins.

    Un aspect que j'ai particulierement trouvé intéressant dans ce même article est l'attribution et l'importance de ce que serait la personnalité chez les poules. Toutefois, j'ai du mal à m'expliquer de manière évolutive l'importance de cette facette, celle de la personnalité, qui est finalement primordiale dans l'étude des relations sociales de plusieurs espèces d'animaux. De là, il me semble, l'importance d'une démarche non seulement axée sur la science cognitive et évolutive, mais aussi axée sur l'ethno-biographie. Bien que ce deuxième axe est difficile à légitimer pour plusieurs scientifique, il reste que cette approche m'apparait importante et nécéssaire afin de déconstruire plusieurs mythes communs sur les animaux, et plus particulièrement ceux qui sont utilisés et exploités chaque jours pour le bénfices des humains.
    Pour continuer sur l'ethnozoologie, et sur les nouvelles méthodes d'observation qualitative incluant des animaux, je vous suggère un livre que je viens de commencer à lire:

    Ethnography after Humanism: Power, Politics and Method in Multi-Species Research, de Lindsay Hamilton et Nik Taylor

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  5. La similitude des capacités cognitives entre les oiseaux et les mammifères est vraiment impressionnante quand on considère distance évolutive qui nous sépare d'eux. Notre dernier ancêtre commun remonte à 300 millions d'années (Ma). Pour donner une idée de l'échelle, les animaux existent depuis environ 545 Ma, nous avons donc été séparé pendant plus de la moitié de l'histoire évolutive totale des animaux (plus de la moitié si on se concentre sur les animaux vivant sur la terre ferme). La séparation entre nos lignées évolutives a eu lieu 67-70 Ma avant l'apparition des dinosaures et leur règne d'un peu moins de 200 Ma. En comparaison, notre dernier ancêtre commun avec les primates remonte à 4-8 Ma. Le fait que les oiseaux montrent des capacités cognitives similaires à celles des primates, mais étrangement différentes des nôtres, illustre à quel point nous sommes un cas 'étrange' au niveau cognitif et reformule autrement le problème de l'anthropomorphisme : notre architecture cognitive est l'exception et non la norme, même si elle est basée sur des éléments hérités de nos ancêtres évolutifs lointains et communs à de nombreuses espèces.

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  6. Dans le texte de Taylor, on sent bien sa fascination pour l’intelligence des corvidés qui a été ignorée pendant longtemps, laissant surtout la place aux singes en général et autres mammifères comme les dauphin. (Sur ce point, j’ai hâte de lire le livre sur le 🐙 poulpe géant!). Dans son texte, il présente plusieurs comportements fascinants sur leur cognition du temos, des relations sociales (beaucoup) et de leur utilisation d’outils et de conpréhension logique.
    Les conclusions de Taylor sont les suivantes. Il lui parait dur à déterminer si le comportement des corvidés représente le même mécanisme de cognition que nous, ou les singes, ou si ce serait un autre mécanisme créé par les pressions de l’environnement, mais qui aurait donné le même résultat, soient des capacités similaires sur plusieurs points. Tout cela dû à la comparaison des cerveaux et du fait qu'ils n'ont pas de cortex. Donc peut-être que le cerveau des corvidés a les mêmes mécanismes mais dans une configuration différente, ou alors c’est carrément une autre façon de générer les comportements intelligents. (Si qqun lit ceci, j'aimerais avoir une autre clarification de la différence entre convergence et homologie).
    Cela dit, Taylor ajoute un point assez intéressant lié à ce point. Il suggère de renverser la tendance des types de test qu’on fait passer aux animaux. On tente souvent de valider si un animal réussit un test ou non (sucess testing), pour en déduire s’ils ont ou non une capacité similaire à nous, mais de plutôt voir les limitations (signature testing) pour avoir une idée plus claire du mécanisme de leur cognition. Il notait sur ce point que les corbeaux utilisateurs d’outils par exemple, étaient très intelligents car ils pouvaient résoudre des problèmes en fabriquants des outils sur mesure pour un problème. Par exemple créer un crochet. Mais il trouve bizarre que parfois les corbeaux ont beau avoir un crochet, ils le tiennent à l’envers et essaient en vain d’attraper leur proie (une belle larve prise dans un tronc d’arbre). C’est un genre d’erreur qu’on ne pense pas être possible même si on compare aux enfants ou aux singes. Donc, il faut faire attention en disant que les corvidés comprennent l’utilisation des outils complètement ou encore de simplement les comparer aux singes. Il fait d’ailleurs un parallele avec le Test de Turing. Il explique que la construction d’un candidat doit conprendre l’ensemble de nos habiletés et de nos faiblesses. Un robot qui répond trop rapidement à une question complexe de mathématiques ne passerait pas le test. De même, il nous explique que si on souhaite comparer notre cognition à celles des autres aninaux, on devrait chercher à voir si nos limitations se retrouvent chez les aninaux autant que de chercher leur capacités, ce qui rendrait la comparaison beaucoup plus crédible.

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    1. L'homologie présuppose certains éléments en commun qui ont évolué en parallèle pour donner des résultats similaires. La convergence fait référence à l'atteinte d'un résultat similaire à partir de deux points de départs radicalement différents.

      Comme exemple de convergence, les chauves-souris ont développé la capacité de voler en utilisant des ailes, comme les oiseaux, mais les deux se sont développé de façon complètement indépendantes et sont très différentes morphologiquement. Les chauves-souris ont aussi développé un système d'écholocation similaire à celui des dauphins de façon indépendante. Les dauphins ont développé des nageoires similaires à celles des poissons lorsque leur branche évolutive de mammifères terrestres est retourné vivre principalement en milieu aquatique, etc. Bref, il s'agit de réponses phylogénétiques similaires à des contraintes environnementales similaires.

      L'homologie renvoie à l'utilisation différente de traits communs. Pratiquement tous les mammifères et les cétacés ont une structure similaire de 'main' (membre antérieur) hérité d'un ancêtre commun, mais qui s'est transformé pour donner les mains humaines, les pattes des chiens, les nageoires des dauphins, les ailes des chauves-souris, etc. Dans tous ces cas la structure de base est similaire, et le résultat est un capacité de locomotion, mais réalisée bien différemment. Comme exemple étrange, le panda a une patte homologue à la main humaine, mais est rendu avec un pouce surnuméraire développé par le prolongement d'un os de l'avant bras et qu'il utilise comme notre pouce (convergence).

      En ce qui concerne le cerveau, les types de neurones présents sont homologues (hérité d'un ancêtre commun), tout comme une partie des zones spécifiques, mais elles se sont parfois développé de manière bien différentes en réussissant malgré tout à réaliser des fonctions similaires par des chemins différents (convergence), mais il n'est pas évident de délimiter précisément tout ce qui relève de la convergence vs homologie.

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  7. Le fait que les oiseaux peuvent utiliser les outils à l’envers m’a fait réfléchir sur l’intentionnalité des animaux. J’ai ensuite observer mon chien enterré un os. L’os était très mal enterré (on le voyait clairement). Il semblait tout de même satisfait du travail accompli. C’est aussi le cas lorsqu’il fait ses besoins ; il gratte un peu derrière lui, mais souvent, dans la mauvaise direction de sorte que la terre n’atteint jamais ce qu’il cherche à couvrir. Est-ce qu’il cherche à enterrer ses besoins ou se lave-t-il les pattes ? C’est difficile d’interpréter les comportements des animaux, mais ils nous font tout de même sens puisqu’on leur attribue des intentions. Mais suivant les observations que j’ai énoncés plus haut, les animaux ne semblent pas avoir d’intention lorsqu’ils réalisent des actions.

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    1. La capacité d'avoir des actions intentionnelles ne veut pas dire que TOUTES les actions sont intentionnelles. Parfois, quand je dors, je me tourne de côté de façon non-intentionnelle et même inconsciente, ça ne veut pas dire que je suis incapable d'intentionnalité ou de conscience... Et ça n'empêcherait pas nécessairement un observateur potentiel d'interpréter mon mouvement comme s'il était intentionnel !

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    2. Il me semble que le fait que ton chien enterre mal son os ne veut pas non plus dire qu'il n'y a aucune intentionnalité derrière cette action. Quand je désire faire quelque chose, il y a beaucoup de facteur qui change l'efficacité de ma tâche. Par exemple, si je décide de passer le balais mais que je le fait à moitié parce que je suis paresseux. Pourtant, dans cet exemple, on m'attribuerait quand même une intentionalité, même si la tâche est incomplète.
      Je suis d'accord avec toi sur le fait qu'il est difficile d'interpreter les comportements des animaux non-humains. Mais de là a ne pas leurs attribué d'intentionnalité, j'en suis moins sur.

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    3. Même si on ne peut pas généraliser à l’ensemble des comportements l'absence d'un caractère qu’on ne retrouve pas dans un comportement en particulier, il me semble que si un comportement est le plus susceptible de nous faire induire la présence d’intentionnalité, il est intéressant de l’analyser. Et s’il nous en fait douter, alors le doute me semble applicable sur l’ensemble des comportements.

      Quand mon chien ne complète pas sa tâche, ce n’est pas le fait qu’il ne l’est pas complété en soi qui me fait douter de son intention, mais plutôt son attitude générale face à ce qu’il est en train de faire. Je n’ai pas l’impression qu’il sait dans quel but il fait ce qu’il est en train de faire.

      Cela me ramène aux oiseaux. Bien que je ne les ai pas vus cacher leur nourriture et vérifier si un autre les avait vus, cette attitude me semble correspondre à une «conscience de l’objectif visé».

      J’imagine que l’intentionnalité peut avoir différents degrés. En ce sens, je réattribue à mon chien l’intentionnalité.

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